BILLET, LA PART DES MOTS

   Plus que jamais la parole se libère. En ces temps d’empêchement des voix se lèvent et nomment. 

Laure Adler rend hommage dans son dernier roman, La voyageuse de nuit, aux personnes âgées et à leur place. Elle nous invite à nous poser la question de l’âge.
Pour l’écrivaine, un privilège, pour d’autres une fragilité, un renoncement ou un combat. 

 La voix se libère, la voix de nos  anciens quand elle est accompagnée mais aussi la voix des femmes, celles des enfants. Des histoires de vies qui n’arrivent toujours pas à oser le mot bonheur puisque même enfant elles n’ont jamais connu l’innocence. Tout bonheur est une innocence, écrivait Yourcenar.

Pour ce bonheur là, il est urgent de rendre hommage à toutes ces voix, les voix de celles et ceux qui auraient dû se sentir simplement en sécurité, puis un jour autonomes, aimés, jeunes ou vieux, confrontés à l’inadmissible qu’ils ont décidé un jour de révéler, réclamant enfin le respect de  leur dignité et de leur bonheur.
Rendre hommage à ces voix pour que d’autres, pris par la peur ou l’emprise qui empêchent de se défendre, puissent à leur tour un jour témoigner. Atteintes physiques ou psychologiques, car ces agressions subtiles où il n’y a pas parfois de preuves tangibles existent, elles sont nommées violences privées. 
Nier la violence de ces attaques c’est nier la gravité du retentissement psychologique du harcèlement, de l’humiliation, du contrôle. Le mot violence porte un S. L’opportunisme, le narcissisme ou le cynisme semblent avoir parfois plus de poids que la compassion. 

L’empathie ? Ressentir  les émotions d’autrui ou à défaut les comprendre. Le respect de la vie humaine ? 
Tous deux gardent la tête haute quand bien même l’on voudrait faire passer leur résistance aux oppressions et aux égoïsmes pour de vains combats. 

Car certains hommes prétendent au culte du pouvoir, le souci de l’autre devenu alors un sbire instrumentalisé, il reste ces voix là.
Ces voix écrites parfois lors d’ateliers d’écriture qui sont comme autant d’espaces de vie, de bateaux de Thésée amarrés à ces iles en soi et devenues à travers leurs mots libres, singuliers, pluriels et habitants de leur vie. 

Vanessa Springora, Camille Kouchner, Sophie Flament, Laure Adler, Virginie Despentes, Edward Louis, Marie-France Hirigoyen, entre autres, ont écrits des livres qui font bouger les lignes. Comme autant de ronds dans l’eau qui viennent offrir au monde le plus beau des présents : mettre en lumière l’ombre semée et rappeler que le contraire de l’amour, plus encore que la haine, c’est le pouvoir. n.b. 

BILLET, LA PART DES MOTS
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