BILLET CULTUREL, LA LETTRE ECARLATE, de Hawthorne par ANGELINA LIDDELL

LA LETTRE ECARLATE, de Hawthorne par ANGELINA LIDDELL
 

Penser qu’on ne peut plus rien dire et en faire un spectacle, c’est votre liberté Angelina Liddel, penser que ce spectacle est un dérisoire sabbat, une  charge démesurée contre les femmes, m’interroger sur ce rien, est aussi notre liberté. Ecrire c’est aussi s’engager. Aucune narration sinon une forme empruntée au baroque, malgré une recherche esthétique, un propos saturé, qui n‘a d’universel que la triste fascination de certains pour les atrocités de ce monde. Cette Lettre écarlate de Hawthorne détournée, vous a servi à vilipender ces femmes dont la voix libérée, elle, a dénoncé il y a un an des violations répétées et enfin révélées. A travers elle, votre espace scénique, des scènes de nudité et d’attouchements devenues désuètes.  

Je n’aime pas être une femme parmi les femmes ”, martelez-vous. Vous qui scandez ne vouloir vivre que dans un monde où il n’y ait que des hommes, libre à vous d’adorer le masculin, de le préférer même, mais quand votre liberté prend l’allure d’une mondaine, finalement très conjugale, qui crache sur tout ce qui prétend au féminin et au respect de celui-ci, sur ces victimes que vous nommez, des accusatrices publiques puritaines, il est impossible de ne pas réagir. Dans un autre de votre spectacle, vous dites à Lucrèce « Je ne vois pas pourquoi une femme ne pourrait pas survivre à ça. Au contraire ! Moi, je dis à Lucrèce : aime ton violeur ! “. Admettons que ces femmes que vous méprisez décident d’être autre chose que de dociles réceptacles. Vous qui portez si peu de crédit au consentement sexuel, n’omettez  pas que c’est contre le délit et sa récidive que réagissent ces voix. La parole, libre, n’est-ce pas ce que vous prétendez défendre ?

Nous n’avons pas les mêmes fantasmes chère Ángelina et je préférerai toujours un texte qui dit quelque chose, subversif ou pas, aux logorrhées d’une femme attachée à sa violente radicalité et à ses aigres monologues, entre autre, sur le corps des femmes de plus de quarante  ans ... le vôtre y compris.  On peut être femme et les aimez ces femmes, aimer ces aïeules, ces mères, passantes, voyageuses, créatrices, écrivaines, étrangères, sœurs.. Vous avez fait plus fort que Moix ou Catherine M. Moins que Polanski dans sa Vénus.

Les réactionnaires ne sont pas celles que vous insultez mais bien vous-même, parce que cela fait des siècles qu’on nous sert les mêmes têtes d’affiche. La soumission est peut-être une fantaisie érotique pour vous, pour d’autres elle est une sauvagerie. Danser avec bonheur sur le morceau de la tuerie au Bataclan, s’extasier  avec un poulpe masturbateur sur scène, s’y flageller, vos admirateurs écrivent, “Ce n’est pas nécessaire de comprendre. Il ne s’agit pas de comprendre sinon l’inverse” concluent-ils. Gratuité dangereuse ? L’art contemporain ne peut-être que l’art de se faire remarquer, il est un terrain  libre d’expérimentation face à de libres spectateurs. J’aime qu’il me fasse douter, mais face à une telle violence, je n’ai aucun doute à m’engager contre elle.

“Nous ne sommes pas capables d’admettre la liberté. Si nous admettions la liberté, nous admettrions le droit naturel à préférer le mal au bien. A l’intérieur, nous tous sommes nuit. Nous devrions tous avoir une grange pleine de cadavres.” Quelques-unes de vos plus tendres phrases dans votre dernier livre.

Je m’interroge, Que peut-on venir chercher au théâtre à travers de telles atrocités ? Si tant est qu’on vienne y chercher quelque chose.
N.B

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