30 Mai 2018
Le vieil homme part seul en mer, dans sa petite barque. Le gros poisson mord à l’hameçon. Sur la route du retour, des requins dévorent le gros poisson. Il n’en restera que la tête et l’arête.
Ils sont nombreux à rentrer chez eux comme ce vieil homme sur sa barque, à se battre contre ces chiens de mer qui sans cesse leur soutirent leur bien précieux. Ces chic dogs là, ces gens bien coiffés qui peuplent les banques ou les bancs de certaines assemblées.
Comme le vieil homme, ils s’en iront, aussi nus qu’ils sont arrivés dans ce monde. En attendant, ils continuent à avancer, un peu penchés mais le front haut. Peut-être iront-ils plus loin encore tendre leurs filets, en espérant que cette fois ce sera la bonne. Peut-être migreront-ils ou vivront-ils au jour le jour avec leur guerre civile sous la poitrine jusqu’à ce qu’une trêve hâte soudain leur corps vers la plage. Et peut-être leur offre un autre avenir.
J’ai ouvert ce court roman à quinze ans, je le referme aujourd’hui avec la même admiration : Merci Mr Hemingway.
Le monde est devenu une vaste entreprise et les hommes des entrepreneurs. Ses dirigeants réclament de grands pays, pris par leurs spasmes nationalistes, ils élèvent des murs entre les leurs.
Crise de sens économique, mais aussi culturelle, humaine. La légèreté n’est pas de toute évidence. Les relations se virtualisent, même les duos s’essoufflent, ils ne font plus recette. Pour certains amants leur peur de perdre, d’en aimer un autre que soi, la peur de dettes érotiques ou sentimentales, pour d’autres le mouvement vers l’autre. Couple et individualisme ne peuvent-ils communiquer sans forcement se faire la peau ?
Où se situer alors ? Non pas exclure le concept d’identité, mais entendre ce qu’il a à dire. Et choisir, sans allure prophétique, si pour soi cet individualisme mine la relation ou simplement y participe.
Certainement lorsqu’on écrit, c’est toujours vers l’émotion qu’on va. La littérature est cette émotion. Elle interroge le petit grain de sable qui grippe la machine et sera renvoyé à sa plage. Au milieu des autres. Parfois l’un d’eux roule d’un revers de manche ou de la page d’un livre à des draps. Parfois on le garde un peu contre soi avant de..
Elle n’en a pas fini avec nous cette vie, aussi imprévisible qu’un solo de jazz. Et c’est tant mieux.
N.B
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